MOB expérience que faire ?

Récits de croisiere et retour d'expérience.
GdB-
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Re: MOB expérience que faire ?

Message par GdB- » 10 mars 2010, 12:29

J'aime bien remonter les vieux topics, alors je me fais plaisir.

Alors, niveau expérience de MOB, ça m'est arrivé une fois, quand j'étais plus jeune : mes parents et moi dans la baignoire, sur l'aloha 34 familial, les deux plus petits en train de dormir dans leur cabine. La mer était chaude (c'est-à-dire facilement 16°, c'était en Hollande) et calme. Mon père a sauté volontairement (ça on l'a appris après) pour nous obliger à réagir dans la panique. Ça a pas raté, on a bien paniqué ^^ Déjà, il nous a fallu 5 bonnes secondes pour être convaincus qu'il n'était plus sur le pont, 10 de plus pour le repérer et lui balancer le feu à retournement, facilement deux minutes pour enrouler le génois et lancer le moteur. Ensuite ç'a presque été une partie de plaisir de le récupérer, sauf en ce qui concerne le hissage à bord (bah ouais, 110 kilos, quand c'est mouillé c'est plus lourd, et l'aloha est assez haut sur l'eau).

Depuis, j'ai fait quelques entrainements volontaires, de différents types :
1. Deux seaux et deux pare-battages à la baille, en se donnant 15 secondes avant de s'en rendre compte (c'est de la simulation). On est à la voile, donc faut arrêter le bateau, repérer le MOB, et aller le chercher
2. Les mêmes, en se donnant le droit d'allumer le moteur
3. Au mouillage, par mer assez calme, on met un équipier dans une annexe, avec brassière gonflée, et on considère qu'on a réussi à le mettre contre la coque. Maintenant faut le remonter...

On en a tiré la procédure suivante :
1. Le premier qui voit l'homme a la mer le signale en gueulant comme un porc et devient le pointeur : son rôle est de ne jamais le perdre de vue, et de garder un doigt pointé vers lui, pour que le reste de l'équipage puisse voir où il est. C'est pas un rôle facile dès qu'il y a un peu de mer...
2. Dès que le barreur est au courant, il arrête le bateau (pour ça j'aime assez la mise à la cape). Une fois le bateau arrêté, on (en général le pointeur) balance le feu à retournement sur/vers le mec qui est tombé. Simultanément, le moteur est lancé, la GV et le foc affalés aussi vite que possible. Et, simultanément aussi, on passe un PANPAN sur le 16 histoire de prévenir le CROSS, tout en utilisant sa deuxième main pour appuyer sur la touche MOB du GPS.
3. Si la mer est mauvaise, on balance tout ce qu'on peut pour baliser la zone et nous aider à le retrouver (mousses, bouées, femmes, perches IOR, pare-battages, si possible attachés 2 par 2...). Si jamais le bateau est mal organisé, c'est le moment de sortir le palan d'homme à la mer, la gaffe, de quoi couper les filières...
4. Ensuite on va le chercher : la méthode d'approche dépend de l'état de la mer, de l'équipage, du vent, de l'âge du capitaine et du moteur qu'on a (IB/HB, qui démarre ou non). Là, le but est de l'amener contre un des flancs du bateau, de préférence le flanc au vent, histoire de pas jouer au marteau piqueur sur sa tête (dans la catégorie marteau piqueur, s'il y a un tout petit peu de mer, je déconseille le tableau arrière, même si la jupe c'est pratique, d'une part parce que l'hélice n'est pas loin, d'autre part parce que ça fait mal quand ça tombe sur le monsieur).
5. Une fois qu'il est contre le bateau, ou pendant qu'on est en train de l'y amener, on coupe la filière du côté où on va la remonter. Un des équipier se couche sur le passavant et, pendant que le MOB est maintenu à peu près au bon endroit avec la gaffe, s'attache au MOB avec une de ses longes (inutile de préciser que tout le monde est attaché sur le bateau, à part l'andouille qui a fini à la baille). On attache le palan d'homme à la mer (pas forcément besoin d'en avoir un dédié, on peut utiliser le hale-bas, mais c'est plus pratique) à la drisse de spi, puis au bonhomme, et ensuite on le remonte. Bravo, vous avez gagné.

Quelques remarques, qui nous sont venues pendant nos entrainements :
- en général, sur les bateaux, les lignes de vie suivent grosso modo le tracé des filières. C'est stupide, parce qu'on peut tomber et se retrouver à battre contre la coque un certain temps avant que l'équipage ne s'en aperçoive (expérience vécue par un des équipiers avec qui j'ai navigué). Donc l'idéal est de la passer le plus près possible du centre du bateau, ce qui permet de plus de s'attacher dès qu'on sort de la descente.
- pour les filières, au lieu de les attacher avec leur manille comme c'est prévu, on a décidé de mettre un bout fin qui fait plusieurs passages entre le point d'attache sur le balcon arrière et le début de la filière. Ça ne nuit pas à la solidité de l'ensemble, par contre ça va très vite à couper avec le couteau que tout le monde a dans la poche.
- en ce qui concerne l'équipement à toujours avoir dans les poches : le couteau du marin (celui qui sert pour le fromage, le saucisson, le pain, les cornichons, le pâté...), de quoi se signaler si on a l'impression que le bateau ne nous trouve pas (feu à main, truc qui colore la flotte), l'idéal serait une VHF portable avec sac étanche, mais ça coute cher d'en avoir une par équipier, une lampe de poche étanche (la frontale Petzl est pas mal) de nuit, éventuellement les barres qui se craquent et qui tiennent chaud (jamais testé, mais en bretagne, l'eau est assez froide notamment en février, je sais pas si ça peut vraiment aider à retarder l'hypothermie), un tél portable avec sac étanche, tant qu'on y est, dans le cas où le bateau nous récupère pas, on fait le 112, et le signal d'un GSM se repère un peu mieux que celui d'une VHF... comme on n'a jamais été en situation réelle, on a un peu du mal à faire le tri entre ce qui serait vraiment utile et ce qui ne l'est pas du tout, si quelqu'un a des retours à ce sujet ça m'intéresse
- dans la catégorie organisation, avoir la gaffe velcrotée sur un hauban c'est très pratique, et le palan d'homme à la mer trouve très bien sa place sur le balcon arrière, avec des pare-battages attachés entre eux de façon spécifique à l'arrière aussi (je sais pas comment l'expliquer par écrit, mais en gros, ils sont reliés deux à deux, et il suffit de tirer sur un bout pour que tous les couples aillent à la flotte)
- le bouton MOB du GPS est assez inutile, mais on l'inscrit quand même dans la procédure. On a fait le test, un gros pare-battage rose moche (trouvé le matin sur la plage), un blanc normal et deux seaux attachés entre eux, houle de 1m50, peu de vent, pas de pluie, donc bonne visibilité. On largue le tout, on appuie sur le bouton MOB dès que c'est largué, on continue sur notre trajectoire pendant environ 1 minute (on n'allait pas bien vite, de mémoire je dirais 3-4 kts, pas plus), et ensuite on essaie de revenir en suivant le GPS et en scrutant la mer. On les a jamais retrouvés (15 minutes de recherche et de ronds dans l'eau au moteur).
- si la mer est un peu forte, que le MOB est conscient, et qu'on a peur de le blesser en allant le chercher, on peut percuter le BIP, le laisser filer au bout d'un bout, et faire un tour ou deux autour du MOB, assez lentement. Une fois qu'il a chopé le bout, essayer d'arrêter le bateau, pour qu'il n'ait pas trop de mal à se hisser à bord du radeau. Quand il y est, c'est gagné, plus qu'à le ramener ! Cette méthode a été testée avec succès par l'un des équipiers, c'était assez impeccable.
- toujours rester en contact VHF avec le CROSS, ils peuvent donner des conseils, notamment quand on l'a récupéré, pour gérer son état de santé (éventuelle hypothermie, traumatisme s'il est tombé à cause d'un coup de bôme pendant un empannage sauvage...)
- attention au reste de l'équipage : on peut avoir des réactions anti-productives. Typiquement, le mec qui refuse que ce soit arriver, et qui se met à lover un bout en regardant dans le vide. Ou alors, celui qui gueule des suites d'ordres incohérents et qui s'énerve de plus en plus. À ce moment là, il faut les attacher pour qu'ils ne risquent pas de tomber, et les ignorer pendant la manœuvre. Au passage, se rappeler que, légalement, si le capitaine prend des décisions qui engagent la survie des équipiers encore à bord ou la sécurité du bateau, on a le droit de le déchoir de ses fonctions (il veut aller chercher le MOB qui est de l'autre côté d'une barre de cailloux, il veut que l'un des équipiers embarque dans l'annexe par mer forte pour aller chercher le MOB...). Perso j'espère réagir correctement si jamais ça arrive, mais on ne sait jamais...
-il faut s'entrainer, pour être capable de tenir n'importe quel rôle le jour où ça arrivera, parce qu'on sait pas à quel endroit du bateau on sera ce jour-là, ni l'équipage qu'on aura à disposition. Il faudrait idéalement faire au moins une ou deux répétitions avec tout nouvel équipier, histoire de rôder un peu le groupe. Accessoirement, entrainez-vous au lancer de feu à retournement, le plus efficace qu'on aie trouvé c'est de le prendre par le bout environ 20 cm avant le feu proprement dit, de le faire tournoyer et de la lancer. C'est un poil moins précis, mais ça va plus loin.

Voilà, c'est en gros ce qu'on a retenu de nos simulations et débriefings (en général accompagnés d'une bonne bière ^^). Si vous avez des réactions, ça m'intéresse beaucoup, on n'a pas une grosse expérience, et à chaque fois c'était du chiqué !

J'oubliais le plus important : NE TOMBEZ PAS ! Une brassière gonflable ça se met en 20 secondes, ça s'oublie très vite. Un mousqueton de longe, ça se clippe en 7 secondes sur une ligne de vie, et ça se déclippe en 11 secondes. Je me permettrai de finir en citant un vieux proverbe : quoi que vous fassiez, une main pour vous, une main pour le bateau !

En attendant vos réactions/questions/critiques, bon vent à tous !
Gaël, un marin qui vous veut du bien !

Iclo
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Re: MOB expérience que faire ?

Message par Iclo » 12 mars 2010, 19:42

Intéressante expérience et beaucoup d'idées pas mal.
Juste pour le GSM, je doute un peu: réussir à le sortir de son sac étanche, l'allumer et appeler, sans qu'il prenne l'eau... Quand au repérage, je pense que les avis divergent fort: on en avait déja parlé sur ce forum.
Perso, de mes cours en télécom, je me souviens qu'il faudra passer par l'opérateur pour obtenir l'info de quel relais est utilisé pour l'appel. Et cette info ne permettra que de délimiter une zone pouvant être assez étendue. (En tout cas, l'info ne sera pas plus précise que ce que l'équipage pourrait communiquer au CROSS, évidemment si on est en solo, ça reprend tout son intérêt :D)

Sinon, je pense qu'en fonction des conditions météo et de l'eau à courrir, il ne faut pas exclure de revenir sous voile directement. En fonction des conditions, le temps de démarrer le moteur, d'affaler, on peut déjà s'être beaucoup éloigner de l'infortuné.

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Re: MOB expérience que faire ?

Message par GdB- » 20 mars 2010, 15:30

Merci pour les infos sur le GSM, je ne savais pas.

Pour ce qui est du moteur, ça dépend vraiment des conditions, en effet. Mais sur un bateau relativement moderne (moteur qui démarre rapidement depuis le cockpit, drisses qui reviennent au piano) avec deux équipiers en plus du barreur (le barreur barre, démarre le moteur, choque les drisses, l'un des équipiers pointe, l'autre va faire l'andouille sur le pont pour affaler), ça va très vite en fait. J'admets que ce sont des conditions assez idéales cela dit.
Gaël, un marin qui vous veut du bien !

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