De l'art de chapeauter à contre... en RS300

Envie de partir à l'autre bout du monde, ou de faire des ronds dans un lac, comment débuter…
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Geckocha
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De l'art de chapeauter à contre... en RS300

Message par Geckocha » 27 nov. 2012, 11:39

Ce qu'il y a de bien avec le lac de Maine, c'est qu'on ne risque pas trop de se louper au départ ou à l'arrivée en rencontrant un ponton. Par contre, dès que ça souffle un peu, c'est fou ce que le bord arrive vite.

Petite sortie hier. J'étais motivé de voir le bon vent souffler dans les arbres. Une fois sur l'eau, pas le temps de se chauffer qu'il faut déjà être pleinement dispo. Autant dire que la première demi-heure a été difficile. Conditions : 10nds environ avec de nombreuses risées aux environs de 18-20nds (toujours difficile d'évaluer, mais les PAV allaient bien vite), et du clapot d'une vingtaine centimètres soulevé par le vent à partir du milieu du plan d'eau. Ici, le vent souffle presque toujours dans le même sens de la longueur. Ce qui fait qu'on a vite fait de se retrouver de l'autre bord du lac alors qu'on se calait à peine sur un bord de largue serré endiablé. Mais le pire, ce sont les bons 30° de refusante qu'on se prend au petit bonheur à chaque risée. Et y'en a même pas une pour rattraper l'autre, à chacune son orientation précise.

Résultat : alors que ça souffle bien et qu'on est bien au rappel sur l'arrière du bateau et essayant de gérer le bateau à plat pour lui donner toute sa puissance (sinon il ne décolle pas), on se retrouve une fois sur deux avec un bon gros dévent dans la voile impossible à compenser à la barre ou en bordant tellement c'est soudain. Et là pas le choix, le bateau se vautre à contre, avec le vent aidant pour le pousser encore un peu plus. C'est le chapeau assuré, avec le fond sableux pas loin. Ne pas monter sur la coque au risque de péter le mât, prendre son temps et laisser le bateau revenir d'abord sur son flanc, puis remonter sur la dérive en passant par le pied de mât pour de moindres efforts...

Plusieurs choses me frappent avec le RS300 dans ces conditions. D'abord, ne pas chercher à relever de la dérive même au portant. Le bateau tangue d'un bord sur l'autre au gré de la pression dans le gréement. Mieux vaut abattre comme il faut et réguler en permanence l'écoute. Dès que toute la dérive est mise, il se cale parfaitement et tout va mieux. Ensuite, c'est fou ce que les ailes peuvent prendre le vent. Alors dès que ça soulève un peu de clapot, gare à bien gérer les vagues à la barre pour ne pas se retrouver avec de sales coups de gîte que le rappel ne peut pas du tout compenser. Et pire, si on se rate on se retrouve alors dans le creux de la vague à gîter, cette fois-ci à contre. Pour éviter le chapeau, on s'aperçoit vite qu'un bon coup d'abattée redonne de la puissance au bateau, et que même au rappel c'est le water start assuré. Pour peu qu'on chope bien les vagues que l'on dépasse une à une à toute blinde, on se retrouve vite au bord à se demander si on se tente l'empannage façon je me jette sur l'autre bord en choquant en grand et en lofant comme il faut ou si on se la joue petit bras en virant, sans pour autant donner en trop grand coup de barre, faute de quoi on serait littéralement projeté sur la voile par le coup d'arrêt provoqué.

Je me demande vraiment comment se comporte ce bateau en mer, là où le vent est plus régulier et le clapot plus conséquent. Je suis partagé entre l'idée que ce soit tout simplement génialissime, et l'idée que je risquerais de me voir incapable de me sortir d'une situation un peu trop périlleuse. En attendant je continue de me perfectionner, et c'est dingue combien ce bateau apprend et donne de sensations.

D'ailleurs peut-être pourrez-vous m'aider à mieux comprendre. J'ai remarqué que le bateau était facilement tenu à plat au largue serré dès que je met mon poids plutôt sur l'arrière. Mais pour autant j'ai l'impression que cela le bride un peu dès lors qu'il n'est pas encore parti de toute sa puissance. Pour l'instant avec les sautes de vent c'est difficile de passer progressivement en permanence d'une position intermédiaire de rappel dans l'axe à 90° du bateau à un recul plus à 45° façon laser au largue dans la brise. Le bateau est pus haut que le laser, donc beaucoup moins de risque de se prendre des paquets de flotte dans les fesses. Mais quelle est donc la meilleure position/technique à adopter pour donner toute sa puissance au bateau ? Laséro, je crois que tu aurais pas mal de choses à nous dire sur cette prise de puissance en solitaire au largue serré selon la position du barreur, mettant de côté les deux autres choses essentielles que sont la conduite de barre et l'écoute.

On voit assez bien ce que je veux dire sur cette courte vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=OAhgw0ZQ6yY" onclick="window.open(this.href);return false;

Pour info voilà ce que ça donne quand il n'y a pas trop de vent (oui, c'est un poil plus véloce qu'un laser :mrgreen: ) : http://www.youtube.com/watch?v=Bsvbg2IR ... re=related" onclick="window.open(this.href);return false;

D'ailleurs, c'est très chouette toutes ces vidéos pour mieux apprendre à bine se positionner ou conduite le bateau en général.
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Re: De l'art de chapeauter à contre... en RS300

Message par captain corsaire » 10 déc. 2012, 20:58

ben alors?personne pour aiguyer notre ami geckocha ? :shock:
perso,j'en ai aucune idée... :? mais ton explication et vidéo méritait un petit up
navigue sur un ZEF...

chacha
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Re: De l'art de chapeauter à contre... en RS300

Message par chacha » 10 déc. 2012, 22:49

dans la premiere video, ce qui choque le plus, c'est le manque de régulation à l'écoute et à la barre.
Lorsque le bateau accélère au travers, le vent apparent refuse, la voile se dégonfle, d'ou un bateau qui part à la contregite, il faut combiner un coup d'abatée à la barre, un coup de rein pour l'aider à abattre et border la voile assez rapidement si possible. Abattre permet en plus de suivre la risée le plus longtemps possible.
à la fin de la risée on relofe pour aller chercher la risée suivante.
Pour la position, je ne connais pas du tout ce bateau mais en laser on reste avancé si le vent est un peu juste pour planer puis on se recule quand on est au planning, ça se sert à rien d'être reculé lorsque le bateau ne plane pas, il va traîner de l'eau mais sera plus stable car la coque est plate dans sa partie arriere.

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bzh22
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Re: De l'art de chapeauter à contre... en RS300

Message par bzh22 » 11 déc. 2012, 19:21

le rs300 doit planer autour de 10knts
De retour en cata !

LASEROLOGUE
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Re: De l'art de chapeauter à contre... en RS300

Message par LASEROLOGUE » 12 déc. 2012, 13:21

Je pense que le principal problème c'est la conservation de l'équilibre...même si les explications que tu donnes ne sont pas très parlantes.

C'est ce que j'ai constaté quand mon centre s'est doté des skiffs Laser 4000 qui nous ont ramené vers l'ancienne pédagogie , abondamment pratiquée du temps où nous avions des 470 pour les stages régate, mais avec des problèmes encore plus aîgus du fait de l'instabilité , de la forte voilure et de l'usage du spi en régime laminaire (qui existait aussi avec le spi symétrique des quaptsept)

(Ahh la sacro sainte trilogie Direction / Propulsion Equilibre , le pont aux ânes des formations de moniteurs ...et il faut bien penser qu'à côté des 3 commandes directes (ou primaires, comme les couleurs ) cad la barre pour diriger , l'écoute pour gérer la propulsion et le rappel trapèze pour gérer l'équilibre , il y a toute une palette de commandes secondaires (l'écoute et la barrent peuvent gérer l'équilibre , le déplacement du poids a une influence sur la propulsion et la direction.


Le largue dans la brise avec un dériveur dit classique ou un dériveur dit skiff (il y a une différence de degré entre les deux mais pas une différence de nature ) présente un problème: On est sur le fil du rasoir entre l'écoulement laminaire et l'écoulement turbulent (ou décroché) ....et en plus on doit chercher à rester sur ce fil du rasoir pour performer , c'est à dire pour descendre sous le vent sur la route la plus directe possible (le vent arrière direct en régime turbulent avec les voiles "brassées carré" n'est pas une option en skiff et même les dértiveurs les plus tradi et les plus lents , comme le snipe jouent beaucoup en dhors de la route directe vent arrière ) tout en restant avec les voiles en écoulement laminaire et en planant.

Au largue , dans la survente , il se crée une augmentation de la poussée vélique mais la la variation du vent apparent (déformation du triangle des vecteurs VR VV VA ) crée aussi une sorte de refusante due à l'accélération du bateau (augmentation du module du vecteur VV, rotation du vecteur VA) qu'il faut suivre à la barre.

Règle d'or au largue abattre dans la rafale en suivant l'accélération et reloffer dans les molles c'est vrai pour des bateaux lents , comme le snipe , encore plus vrai pour des bateaux planants comme le laser (le planing implique un VV beaucoup plus fort) et incontournable pour des bateaux vraiement très rapides , comme les catamarans .

Pour mémoire, au près c'est le contraire , on loffe dans la risée pour mieux gagner au vent en profitant de la rotation du Vent apparent, qui a valeur d'adonnante.

Le skiff est moins rapide que le cata , mais plus instable et plus délicat à la barre ... or , quand on suit à la barre l'accélération du bateau dans la rafale , il ne faut pas y aller trop fort, si on abat trop les voiles passent en écoulement turbulent et la poussée vélique diminue brutalement (le phénomène du décrochage aérodynamique, exactement semblable à celui d 'un avion dont le pilote pousse trop loin le manche à balai)...

Avec un skiff à trapèze en solitaire c'est le départ à contre assuré et comme en plus l'aile au vent vient rapidement dan l'eau faire ancre flottante et bloquer le bateau côté au vent en le faisant loffe , le dessalage à contre est hautement probable.

Pour cette même raison les barreurs de moth à foil naviguent un poil contregités, avec un couple de rappel un tout petit peu inférieur au couple de rappel maxi...en cas de survente le bateau vient à l'horizontale et il y a une marge (très étroite) d'autorégulation de l'équilibre.

Le problème est donc bien de rester en écoulement laminaire , et donc avec les voiles en composite dont la limite de faseyement n'est pas évidente, d'avoir des pennons bien placés , de les observer : avoir de bons repères au début , puis les intégrer ensuite pour atteindre le stade où l'on est capable d'anticiper.

Ne pas oublier non plus que les bateaux légers , comme les avions de chasse ou d'acrobatie et les voitures de course se pilotent "aux fesses" (ce n'est pas une blague , çà a même été prouvé, les toubibs de la luftwaffe avaient été jusqu'à utiliser des pilotes d'essai comme cobayes en leur truffant les miches de piqures de novocaïne, moyennant quoi ils foiraient complètement leurs manoeuvres acrobatiques ou leurs passes de tir d'exercice...

Si tu sens le bateau amorcer une dérobade sous tes fesses, il faut réagir...dans le bon sens , cad reloffer un poil , ne pas rembraquer la GV , çà amplifie le décrochage, observer tes pennons (sils ne sont pas trempés et collés à la voile par tes douze dessalages précédents pennons ) et te rentrer un peu en pliant les genoux....

On a eu des échanges citronnés sur les Skiffs encenses par Mr Cédric Fraboulet et les dériveurs classiques (descendus en flammes par le même) ....mais je reste convaincu que les skiffs vraiment pointus (pas le Vago ou ses clones de chez Topper ou RS ) sont des engins intéressants , très formateurs , très sportifs mais peu polyvalents (pas de seconde carrière en école de voile balade et pas de troisième et dernière carrière comme barque de pêche à la ligne ) ....et surtout dispensateurs de leçons aussi mouillées qu'humiliantes ...au moins au début.

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Re: De l'art de chapeauter à contre... en RS300

Message par Geckocha » 13 déc. 2012, 12:05

Merci à tous pour vos commentaires. Cela me donne des éléments de compréhension, chacun avec son langage, c'est drôle. :lii

Je penserai bien à cette question de suivre les rafales à la barre. C'est là le plus délicat à gérer car la différence de puissance est vraiment très importante sur ce bateau, et du coup le couple de rappel en prend directement un coup important vu le poids léger de la coque.

Petite précision tout de même : sur un plan d'eau tel que le lac de maine, il faut dire que le caractère imprévisible de l'orientation précise des rafales rajoute du piquant à l'exercice. :mrgreen:
LASEROLOGUE a écrit :....et surtout dispensateurs de leçons aussi mouillées qu'humiliantes ...au moins au début.
Pas vraiment en fait, mais bon les idées reçues... :roll: Disons que pour le RS300, c'est surtout bien plus fin et l'on peut donc observer directement et très clairement les répercutions de chaque geste, plutôt sur une plage de vent plus faible qu'un dériveur classique. Ce ne sont pas les mêmes bateaux, c'est sûr, et chacun à ses points forts. :xc Je ne parle pas des autres skiffs, notamment à trapèze car je ne connais pas, mais en ce qui concerne le mien, c'est ce que je peux en dire.

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